Exposition
Dans une salle où se dresse une grande table, le couvert est mis mais le lieu est désert, dépeuplé. Sur le plateau, plusieurs temporalités d’un dîner cohabitent, parasitées progressivement par une pellicule de sel et de cendres jusqu’à n’en laisser que l’empreinte. Dans ce lieu pourtant figé, archéologique, il y a encore du vivant, du temps qui s’écoule et des histoires qui se racontent. Des corps et des voix font irruption, incarnés dans un présent tangible, factuel comme les témoins d’un passé immédiat.
Avec l’installation Tout le monde danse, Charlotte Hermant et Guillemette Ridet élaborent un territoire poétique et fictionnel, un espace de mémoire, de métamorphose et de projection. Il s’agit de déplacer le regard, de révéler les failles, les seuils, les glissements du réel. Leur création commune lie deux pratiques : une approche plastique centrée sur la mémoire, la latence, et une exploration de l’espace comme lieu d’étrangeté quotidienne. Ce dialogue nourrit une forme hybride, née de l’interstice entre leurs disciplines.
Posant un regard analytique sur l’espace du vide et du quelconque, l’installation s’ancre dans une archéologie du normal. Il y est question d’événements de l’ordinaire, de vécu et de solitude commune. Le temps lui-même devient un médium pour parler du temps à travers la lenteur que nécessite le processus de cristallisation. Le public, transformé en convive de cette table grinçante, devient témoin de ce temps qui se propage.
Chimère du banal et de l’extraordinaire, Tout le monde danse s’articule autour des notions de latence (qui existe sans apparaître encore, sans se manifester extérieurement), rémanence (persistance partielle d’un phénomène après disparition de la cause qui l’a provoqué) et potentiel (qui existe en puissance, qui pourrait se manifester). Cherchant à raconter un souvenir, à figer ce qui n’existe plus, comme pour le préserver vainement de l’oubli, les deux artistes nous offrent de regarder autrement le passage du temps et l’érosion de la mémoire.
Le jeudi 02 octobre 2023 de 18h à 21h
En présence des artistes, des membres de l’asbl des Ateliers Mommen.
Entrée et première boisson gratuite
Scénographe de formation, la pratique artistique de Charlotte Hermant explore l’écriture, la dramaturgie de l’objet et l’expérimentation plastique. Elle investit un espace entre réel et imaginaire, peuplé de tension silencieuses, où le mot, le geste, l’étrangeté deviennent matériaux. À la croisée de l’art vivant, de l’installation, du son et de la performance, chacun de ses projets est une écriture spatiale qui interroge notre rapport à l’intime, aux objets, aux lieux, au temps. Sa recherche est ancrée dans les fissures du quotidien, ce « chez soi » fragile, traversé de gestes solitaires et de rituels intimes.
L’arrière grand-père de Guillemette Ridet meurt lorsqu’elle est petite-enfant, elle comprend pour la première fois que ce qui est présent peut disparaître. Plus tard le décès d’un cousin de son âge lui apprend que ce qui disparaît n’est pas tout à fait invisible, il laisse des traces, des latences dont la réalité peut surgir à tout moment. Depuis lors, à la fois l’inévitable disparition des choses et la possibilité de leur réminiscence la fascinent, elle essaie d’en comprendre les mécanismes et de s’en saisir. Elle utilise le fragment (trouvé ou produit), bouts d’images, bribes de textes, comme figures de construction appelant à une nouvelle déconstruction. Assemblage, superposition, répétition et altération sont à la fois processus et résultat à l’œuvre dans cette quête. Inlassablement recouvrir, dissimuler, superposer mais laisser poindre. Laisser la possibilité d’une résurgence, créer un potentiel d’apparition et ouvrir au déplacement de sens.
Jeudi 02 octobre
• vernissage : 18:00 → 21:00
Samedi 04 octobre
• Performance : 16:00 → 22:00
Poésie Liquide
Bar à cocktails algorithmique – conversion de poèmes en liquide
par Marianne Thibault & Devika Hemant
Dimanche 05 octobre
• Performance : 11:00 → 17:00
Poésie Liquide
Bar à cocktails algorithmique – conversion de poèmes en liquide
par Marianne Thibault & Devika Hemant
Samedi 11 octobre
• Performance : 19:00 → 19:30
Ce que j’arrache
Lecture performée (recherche en cours)
par Faustine Boissery & Isabelle Stragliati
• Performance : 20:00 → 20:30
Poèmes chantés
par Camille Lancelin