Le Salon Mommen est un espace qui s’inscrit dans la filiation de celui prévu dans la cité au 19è siècle par le Felix Mommen : “ un espace qui donne aux jeunes artistes l’occasion d’exposer au moment où le Salon tout puissant rejetait les nouvelles tendances et développements se faisant jour dans l’art des jeunes peintres.”
Aujourd’hui c’est un lieu doté d’une structure de diffusion pour la recherche, l’échange et l’expression artistique.
Un espace ouvert et flexible qui selon les besoins et propositions peut devenir atelier de reflexions, d’expositions, installations, performances, rencontres sonores, projections, etc.
C’est à la fois une plateforme, et un laboratoire convivial pour le développement de l’art.
Le « Salon Mommen » est géré par les artistes pour les artistes. L’accès y est libre. Bienvenue.
LE MANIFESTE
Le Salon Mommen : un lieu hybride entre multidisciplinarité, alternative et résistance
Le Salon est un lieu hybride, représentatif de la diversité des personnes s’y impliquant : habitant.e.s de la cité, artistes extérieurs et personnes du public.
Pour éviter toute forme d’uniformisation, nous y défendons la pluralité des pratiques et des modes d’expression artistiques. Nous considérons cette diversité d’approches comme une possibilité d’ouverture d’esprit et d’enrichissement, favorisant la démultiplication des possibles créatifs en leur offrant une visibilité.
Le Salon est aussi un lieu alternatif à la marchandisation : il dédie son espace aux sentiers cachés et aux champs élargis de l’art. En effet, les artistes qui le souhaitent peuvent y présenter les différentes étapes de leur recherche. Ils peuvent l’investir pour une plus grande lisibilité de leur travail ou simplement par goût de l’aventure. Par là, nous souhaitons, d’une part, offrir aux artistes la possibilité de s’inspirer directement des retours critiques du public sur leur processus de création et d’autre part d’inviter le public à apprécier, questionner, participer, réagir au fil des événements proposés.
Le Salon Mommen, un espace collectif au sein de la cité
Le salon Mommen est ouvert aux publics autant qu’il est l’espace commun des artistes habitant.e.s de la cité. Il est fédérateur de liens et stimule l’élaboration de projets individuels autant que collectifs. Par ailleurs, le Salon et la cité s’organisent compte-tenu de l’implication des habitant.e.s et de leurs diverses pratiques artistiques au sein du Salon. Celui-ci et la cité s’alimentent et se régénèrent mutuellement.
Le Salon comme espace autogéré
Sans chef, ni hiérarchie, ni rôle prédéterminé, le mode de fonctionnement du Salon s’appuie largement sur les bases de l’autogestion : « auto », responsable de sa conduite et « gestion », qui demande une organisation spécifique pour atteindre les objectifs décidés collectivement. Ce mode de fonctionnement se met en place pas à pas, à partir du vécu collectif du Salon et de nos expériences et subjectivités mutuelles. Ce sont les membres de l’asbl atelier mommen et les membres du comité salon qui définissent collégialement le projet Salon.
Avant, pendant et après les événements programmées au Salon, nous invitons les artistes de l’extérieur et le public à considérer notre mode de fonctionnement. Chaque événements n’est pas qu’un projet personnel : il engage le lieu, le collectif qui l’anime et le ou les artiste(s) invité(s) ; ceux-ci pensent, soutiennent et réalisent l’évènement ensemble.
Ce mode de fonctionnement nous permet de nous dégager des pressions de rentabilité et de productivité tout en favorisant une ouverture plus large dans la programmation. Cette démarche fait l’originalité du Salon : sa faculté de résistance à l’emprise de la marchandisation de l’art et de la commercialisation des lieux à vocation artistique.
Le Salon entre solidarité et convivialité, une continuité du mécénat
Pour être au plus près des nécessités et besoins de ceux à qui s’adresse le salon, ce sont des coopérations ou/et des participations qui forment la dynamique collective. Cette dynamique est constituée d’équipes de bénévoles qui portent, se relayant, le projet salon en fonction des compétences et désirs de chacun et compte tenu de l’action collective. Ce sont ces modes de coopérations qui garantissent, le maintien de l’accessibilité gratuite aux événements autant que l’invitation des artistes et leurs accueils respectifs.
Ensuite nous laissons la vente des œuvres exposées s’y traiter comme d’autres formes d’échanges et lors des soirées nous faisons tourner le chapeau à plume pour qui veut contribuer, selon son appréciation de l’événement en monnaies sonnantes et trébuchantes, à soutenir activement les artistes qui se produisent.
Plus qu’un espace de représentation, ce sont des contributions collectives qui réalisent les événements au Salon Mommen et qui font de ce lieu, un lieu de rencontre, une structure de soutien, une certaine continuité du mécénat.
La programmation au Salon
La programmation au Salon ne se fait pas sur base d’une ligne esthétique unique et prédéfinie mais par affinité avec la singularité de la démarche artistique et/ou avec la thématique abordée. Ainsi, nous assumons pleinement le caractère déambulatoire (marcher sans but précis tout en réalisant un trajet) de la programmation. L’aventure collective qui se joue là, est portée par des bénévoles, artistes pour la plupart, impliqués dans des pratiques très diverses, engagés solidairement. Et ce projet collectif accepte par là même d’en être affecté. En quoi nous conservons cette diversité sans la réduire.
Les financements du Salon
D’une part, chaque artiste de la cité verse 10€/mois de ses charges pour l’occupation et la gestion des espaces communs de la cité, dont entre autres, le Salon et le bureau Mommen. D’autre part, la commune nous accorde un loyer à moindre frais pour ces deux espaces. Nous tenons à souligner que ce sont ces deux sources de financements plus, les bénéfices provenant du bar qui permettent la gratuité des évènements au Salon.
En outre, le Salon se donne la possibilité de rentrer des demandes de subsides, soit pour une programmation ponctuelle, soit de façon récurrente pour consolider son fonctionnement mais en veillant à chaque fois à préserver son modus operandi. De plus, le Salon se réserve la possibilité de recourir au mécénat et aux donations pour autant qu’il n’y ait pas de contrainte, ni publicitaire, ni dans le choix de la programmation.
Invitation
Compte-tenu de ce qui précède, nous lançons ici une invitation : toutes les personnes curieuses ou/et intéressées de près ou de loin par le projet du Salon Mommen et désirant s’y impliquer, sont les bienvenues pour nous rencontrer !
N.d.l.r :
Le Salon Mommen s’ouvre en 2004 suite à la création dans l’urgence de l’asbl « Ateliers Mommen » par les artistes habitant.e.s de la cité. Deux objectifs simultanés se dessinent alors pour l’asbl : la préservation et la défense de l’identité originelle de la cité – artistique et sociale grandement mise en danger par les projets spéculatifs des anciens propriétaires, promoteurs immobiliers, et la mise à disposition de l’espace du Salon pour une diffusion artistique. Le Salon Mommen s’ouvre ainsi pour battre les tambours de guerre et organiser entre 2004 et 2009 des concerts, expositions, autres événements. Et ce, dans le but d’alerter le public et les instances politiques de la disparition possible de ce lieu historique et du mode de vie singulier qui s’y perpétue depuis la fin du 19ème siècle. En effet, depuis la construction des établissements Mommen en 1874 par le mécène Félix Mommen, la cité a toujours accueilli des artistes et ce jusqu’à nos jours.
Une fois la cité sauvée de la spéculation immobilière en 2006, l’asbl « Ateliers Mommen » finalise en 2009 une convention de collaboration avec son nouveau propriétaire, la Régie Communale Autonome de Saint-Josse. Cette convention concerne la gestion artistique et locative, l’entretien et l’identité de la cité. Deux ans de travaux dans les bâtiments rendront le Salon impraticable et c’est depuis avril 2011 qu’il s’ouvre à nouveau au public. Après cette période de transition, le salon Mommen redéfinit son projet de structure de soutien à la diffusion artistique, en mettant à disposition son espace comme lieu de recherche et de création. S’inscrivant ainsi comme plate-forme d’échange de pratiques, de savoirs et de réflexions autour de l’art et des enjeux sociaux actuels.
Nous nous sommes alors fixés comme objectif de rédiger un texte exprimant les motivations et désirs de chacun.e des habitants-es de la cité, nous permettant ainsi de préciser les piliers philosophiques et affirmer les valeurs défendues dans cet espace géré collectivement.
Ce texte a pris la forme du manifeste qui précède. Il est le fruit d’une écriture collective. Nous nous appuyons sur celui-ci pour penser et pratiquer le Salon de façon dynamique et organique.